Un soupir s'échappe de ta bouche malgré toi alors que tu pousses la porte de la cafétéria. Tu es clairement au bout du rouleau et seul un café te permettra de tenir encore sans dormir. Tu allais finir par bousiller ton cœur à force mais peu importe. Il fallait absolument que tu tiennes tant que vous n'aurez pas retrouvé le bébé.
Tu n'as jamais été du genre indulgente avec toi-même, sans doute une attitude que tu tiens de ta mère. Elle ne te laisse jamais rien passer, ne t'accorde jamais de répit, chose qu'elle prend pour de la faiblesse. A ses yeux, tu ne fais jamais rien de bien, tu n'es jamais assez bien... Et ça a toujours été le cas depuis ton enfance. Tu aimerais dire que tu ne t'en soucies plus, qu'elle ne peut plus t'attendre mais c'est faux. Cela te fait toujours aussi mal. Mais il n'y a pas plus dur avec toi que toi-même, surtout en cet instant. Il n'y a que Rhys pour toujours tout te pardonner.

Rhys... ton regard tombe immédiatement sur lui dès que tu as pénétré dans la pièce. Il est là, installé de manière à la fois élégante et décontractée à une table, t'attendant pas si patiemment que ça. Un sourire fatigué t'échappe malgré toi, comme à chaque fois. Si tu mettais toujours un point d'honneur à arriver à l'heure, lui s'arrangeait toujours pour être en avance. Ca a toujours été comme ça entre vous. Tu t'approches lentement de lui et, arrivée derrière lui, tu glisses tes bras autour de son cou avant poser ta joue contre la sienne. Tu marmonnes un vague:

« Je vais bien, tu sais. »

Mais tu restes comme ça un moment à savourer le réconfort et la chaleur qui résulte de cette étreinte. Il est ton îlot, ton havre de paix. Sans lui, tu serais partie à la dérive depuis longtemps déjà.
Finalement tu finis par le contourner pour aller t'asseoir en face de lui. Cela fait longtemps que tu ne l'as pas vu, trop longtemps à ton goût. Inconsciemment, tu cherches ce qui aurait pu changer dans son visage, dans son regard, dans son comportement depuis la dernière fois. Un peu comme un anti-virus scanne un ordinateur. C'est la routine pour toi, tu ne peux pas t'empêcher de t'inquiéter de ce qui aurait pu lui arriver ou de ce qui a pu lui arriver.

Tu commandes rapidement un café bien noir avant de reporter ton attention sur lui. Tu sais qu'il est au courant de ce qu'il s'est passé l'autre soir. Vous étiez censé tous les deux aller à cette soirée. Au finalement, Rhys avait été malade et toi tu n'avais pas pu resté avec lui, ressentant trop vivement la brûlure de la faim. Il fallait que tu te nourrisses. Encore une fois, ta condition de succube avait tout foutu en l'air. Si tu avais été là, la petite serait sauve...

« Tu vas mieux ? Bien remis ? Tu n'abuses pas de tes forces au moins ? »